Ilest beau, le lancement du bateau de ThĂ©o et Hugo. C’est un de ces vaisseaux nocturnes et parisiens, illuminĂ© de rouge, dans la cale duquel des hommes se retrouvent pour faire l’amour
Le Stade Toulousain Tennis Club organise les Internationaux de tennis sur les terres battues des Sept Deniers Ă  Toulouse du 28 aoĂ»t au 4 septembre prochain. Pour la premiĂšre fois, les joueurs disputeront le tournoi en tant qu’épreuve de la catĂ©gorie Challenger 80 voir encadrĂ©. Une montĂ©e en grade notable sur le circuit international de tennis professionnel. De quoi rendre fier Marc Tiersonnier, prĂ©sident du club historique depuis plus de cinq ans, qui a vu cette compĂ©tition Ă©clore ces derniĂšres annĂ©es. Interview. Les Internationaux de Toulouse, tournoi organisĂ© par le Stade Toulousain Tennis Club, dĂ©butent dimanche au complexe sportif des Sept Deniers © Stade Toulousain Tennis Club Pourquoi le Stade Toulousain a-t-il dĂ©cidĂ© de crĂ©er, lui aussi, une grande compĂ©tition de tennis dĂšs 2018 en organisant les Internationaux de tennis de Toulouse ? L’histoire est partie des meilleurs joueurs du club. Ils Ă©taient classĂ©s, Ă  l’époque, au-delĂ  de la 300e place mondiale. MalgrĂ© leur trĂšs bon niveau, ce classement ne leur permettait pas de disputer de grandes compĂ©titions, notamment en France, avec des sommes Ă©levĂ©es de prize-money gains empochĂ©s en fonction des rĂ©sultats, ndlr. Avec les installations dont bĂ©nĂ©ficie le Stade Toulousain Tennis Club, nous nous sommes dit que nous devions tout de mĂȘme essayer de crĂ©er une compĂ©tition oĂč ces joueurs locaux, rĂ©gionaux et nationaux puissent s’exprimer, sans avoir Ă  voyager Ă  l’étranger. Aussi, il existait autrefois un Grand Prix mondial qui Ă©tait organisĂ© au Palais des sports de Toulouse. La compĂ©tition s’est arrĂȘtĂ©e aprĂšs l’explosion d’AZF. Par le biais des Internationaux de Toulouse, nous avons voulu organiser Ă  nouveau un tournoi international dans la ville. Et ceci en commençant Ă  moindre Ă©chelle, dans la troisiĂšme division du tennis professionnel la catĂ©gorie des Futures, ndlr. Pour la premiĂšre fois cette annĂ©e, le tournoi est rentrĂ© dans la catĂ©gorie des ATP Challenger 80, correspondant Ă  la deuxiĂšme division du circuit mondial voir encadrĂ©. Une fiertĂ© ? Les deux premiĂšres Ă©ditions 2018, 2019 des Internationaux de Toulouse Ă©taient en effet organisĂ©es dans le plus haut niveau de la troisiĂšme division, avec un prize-money de 25 000 euros pour l’ensemble des joueurs. Ce niveau correspondait Ă  celui de nos joueurs Ă  l’époque, qui ont d’ailleurs remportĂ© les deux finales. Mais ces derniers ont Ă©voluĂ© plus vite que le tournoi ! Alors, comme eux, nous avons voulu monter de catĂ©gorie. Pour cela, dĂšs 2020, nous avons candidatĂ© auprĂšs de l’Association des Tennismen Professionnels ATP pour que la compĂ©tition toulousaine devienne une Ă©preuve du tournoi Challenger 80. Et ainsi, intĂ©grer la deuxiĂšme division de tennis professionnel. Le cahier des charges est plus lourd mais nous disposons de toutes les installations nĂ©cessaires Ă  l’organisation de ce genre d’évĂ©nement. L’ATP a donc acceptĂ© notre dossier il y a deux ans. Mais avec la crise de la Covid-19, les deux derniĂšres Ă©ditions des Internationaux de Toulouse ont Ă©tĂ© annulĂ©es. Cette annĂ©e, ce sera donc effectivement la premiĂšre fois que la compĂ©tition est organisĂ©e en tant qu’épreuve de l’ATP Challenger. Et nous en sommes trĂšs fiers. Mais c’est avant tout une grande responsabilitĂ©, il faut que tout roule. Les Internationaux de tennis de Toulouse montent d’un niveau Les Internationaux de Toulouse ont donc vu passer des joueurs locaux devenus des grands noms du tennis, comme Benjamin Bonzi et Hugo Gaston. L’ambition de ce tournoi est, aussi, de faire Ă©merger les espoirs ? Nous appelons ce genre de tournois les “Futures”. Cela signifie qu’ils ont pour objectif de mettre en lumiĂšre les jeunes joueurs qui s’entraĂźnent encore avec la FĂ©dĂ©ration française de tennis. Mais le passage des Internationaux en circuit Challenger change un peu la donne. Les sportifs prĂ©sents Ă  Toulouse Ă  partir de dimanche sont en effet classĂ©s entre la 100Ăšme et la 250Ăšme place mondiale. Soit Ă  un niveau trĂšs Ă©levĂ©. L’ambition reste toutefois de laisser un terrain d’expression aux jeunes joueurs français. Il existe d’ailleurs les “wild cards”. Autrement dit, des invitations que le club et la FĂ©dĂ©ration française de tennis distribuent Ă  des jeunes joueurs qui ne correspondent pas aux critĂšres communs de sĂ©lection, mais que nous estimons ĂȘtre capable de jouer Ă  un tel niveau de compĂ©tition. Personnellement, je vais les accorder Ă  des licenciĂ©s du Stade Toulousain, c’est normal. Arthur Raymond, Maxence BrovillĂ©, Axel Garcian et ThĂ©o ArribagĂ© devraient ainsi en bĂ©nĂ©ficier. La fĂ©dĂ©ration privilĂ©gie aussi des joueurs français, donc peut-ĂȘtre qu’ils en feront partie. La liste n’est pas encore officielle, je ne peux rien dire de plus dessus. MĂȘme si Benjamin Bonzi 50Ăšme mondial, Hugo Gaston 71Ăšme mondial en simple, puis Hugo Nys 61Ăšme mondial, Fabien Reboul 71Ăšme mondial, Sadio Doumbia 76Ăšme mondial, en double seront absents, Ă©tant Ă  New York pour l’US Open, nos espoirs locaux ont les moyens de faire de bons rĂ©sultats. Il va y avoir du grand spectacle. Lionnel Barthes, directeur du tournoi, Laurent Darcos, prĂ©sident du ComitĂ© de Tennis Haute-Garonne, Ugo Mola, parrain, Benjamin Bonzi, Hugo Gaston, Laurence ArribagĂ©, adjointe Mairie de Toulouse et Marc Tiersonnier lors de l’édition 2019 des Internationaux de Toulouse © Stade Toulousain Tennis Club Un Ă©vĂ©nement international organisĂ© par un club historique Est-ce que vous comptez sur ce genre d’évĂ©nement pour faire parler du Stade Toulousain Tennis ? Oui, il est Ă©galement question de communication. Le tournoi permet de faire connaĂźtre Toulouse et le Stade Toulousain Ă  l’international. C’est un club historique qui fĂȘtera ses 100 ans l’annĂ©e prochaine, pour ce qui est de la section tennis. Car il faut savoir que le Stade Toulousain est un club omnisports, avec plus d’une dizaine de disciplines. Il y a de l’athlĂ©tisme, de la natation, de l’escrime
 Toutefois, il est certain que 99 % de la renommĂ©e du club est assurĂ©e par le Stade Toulousain rugby. Maintenant, la section tennis est moins connue du grand public, mais trĂšs connue dans le monde tennistique. Elle a vu passer de grands noms du sport français, comme Walter Spanghero, figure du rugby international qui a occupĂ© la prĂ©sidence 1985 ou encore le pilote automobile Xavier Lapeyre 1993. Le tennis a eu du succĂšs auprĂšs du grand public jusqu’aux annĂ©es 70. Puis, comme partout en France, il y a eu une pĂ©riode de dĂ©samour pour la discipline, par effet de mode. Aujourd’hui, la renommĂ©e s’est stabilisĂ©e. Pour preuve, l’effectif du Stade Toulousain Tennis augmente d’à peu prĂšs 10 % chaque annĂ©e. Le club compte dĂ©sormais 1 300 membres et nous ne souhaitons pas en accueillir davantage, pour une question de confort. Depuis quelques annĂ©es, vous faites confiance Ă  des joueurs locaux pour monter une Ă©quipe professionnelle. Pourquoi ? Je considĂšre le club comme une rampe de lancement pour les joueurs locaux, afin qu’ils atteignent le niveau international. Nous les aidons financiĂšrement, nous sommes trĂšs attachĂ©s Ă  eux. Mais l’objectif final reste qu’un jour, ils n’aient plus besoin de nous. La Pro Team s’est formĂ©e dans cet esprit il y a prĂšs de trois ans. Elle est composĂ©e de jeunes joueurs français Hugo Gaston, Benjamin Bonzi, Sadio Doumbia, Hugo Nys, Arthur Cazaux, Fabien Reboul, Arthur Reymond, Paul Cayre, Maxence BrovillĂ©, Axel Garcian, ThĂ©o ArribagĂ©, pour ce qui est de l’équipe masculine, Ă  90 % originaire de la rĂ©gion. La plupart des Ă©quipes françaises recrutent des joueurs internationaux, qui viennent une quinzaine de jours en France pour disputer des tournois, prendre leur chĂšque, puis rentrer dans leurs pays. La fĂ©dĂ©ration française de tennis essaie d’ailleurs de lutter contre ce phĂ©nomĂšne en imposant des quotas de Jeunes Issus de la Formation Française JIFF dans les compĂ©titions. Le Stade Toulousain n’est pas du tout dans cette optique-lĂ . Notre ambition n’est pas de recruter des joueurs Ă©trangers pour remporter des compĂ©titions interclubs. Bien au contraire, nous souhaitons faire dĂ©coller les joueurs locaux vers le haut niveau international. Et ils nous le rendent bien, ils sont trĂšs attachĂ©s au club et viennent souvent taper la balle avec les plus jeunes. PremiĂšre victoire aux championnats de France de tennis pour Toulouse Le Stade Toulousain n’est peut-ĂȘtre pas dans l’optique de remporter des tournois interclubs, mais la Pro Team a remportĂ© le championnat de France l’annĂ©e derniĂšre. Qu’avez-vous ressenti ? C’est la premiĂšre fois dans l’histoire du club que l’équipe professionnelle remporte le championnat de France. Étant donnĂ© que l’ensemble des joueurs sont issus de la formation toulousaine, leur victoire a donnĂ© un bel Ă©clairage sur la politique du club de faire jouer des adhĂ©rents “locaux”. L’impact Ă©tait trĂšs positif. Pourtant, nous ne nous attendions pas tellement Ă  cette victoire. Les compĂ©titions interclubs se disputent Ă  un niveau trĂšs Ă©levĂ©. Pendant le tournoi, les joueurs de la Pro Team ont jouĂ© contre des personnalitĂ©s mieux classĂ©es qu’eux Ă  l’international. Mais leur implication et leur solidaritĂ© ont fait la diffĂ©rence. Cela ne veut toutefois rien dire pour la saison prochaine. DĂ©jĂ , parce que les joueurs de haut niveau du circuit français conservent leur haut niveau. Mais aussi parce que cette annĂ©e, les interclubs tombent en mĂȘme temps que les phases finales de la Coupe Davis. Si l’équipe de France les dispute, Benjamin Bonzi ne sera pas prĂ©sent aux interclubs. Et il se peut qu’Hugo Gaston non plus. De plus, j’espĂšre qu’Arthur Cazaux sera entiĂšrement remis de sa pubalgie. Donc nous verrons bien, nous ne sommes pas Ă  l’abri de belles surprises
 Les joueurs de tennis professionnels s’affrontent toute l’annĂ©e sur un circuit international. C’est Ă  dire qu’ils peuvent disputer des tournois dans le monde entier au cours de la saison. L’accĂšs aux diffĂ©rents tournois dĂ©pend de leur classement mondial puisque les tournois limitent les inscriptions Ă  un certain nombre de joueurs. S’ils ne sont pas assez bien classĂ©s dans la hiĂ©rarchie mondiale, ils ont parfois le droit d’accĂ©der aux qualifications. Dans ce cas, ils doivent disputer plusieurs tours avant de gagner leur place dans le tableau principal. Pour schĂ©matiser, les joueurs qui sont dans le Top 100 s’affrontent sur le circuit principal, l’ATP Tour. C’est le circuit que l’on voit le plus dans les mĂ©dias avec les Grand Chelems, les Masters 1000, ATP 500 et ATP 250. Ceux qui sont moins bien classĂ©s se battent sur le circuit ATP Challenge Tour, sorte de 2Ăšme division. Puis, il existe une 3Ăšme division, l’ITF Men’s World Tennis Tour avec les tournois appelĂ©s Futures. À l’intĂ©rieur de chaque division, les tournois sont eux aussi rĂ©partis en diffĂ©rentes catĂ©gories selon les gains et les points ATP qui servent pour le classement qui sont Ă  remporter. Les Internationaux de Toulouse sont donc passĂ©s cette annĂ©e de Future Ă  Challenger donc plus attrayants pour les joueurs. Faisant partie de la catĂ©gorie Challenger 80, le vainqueur rĂ©cupĂšrera 80 points ATP pour son classement mondial.
ThĂ©oet Hugo dans le mĂȘme bateau 29.05.18; 1 h 37 min; Dans un sex-club, les corps de ThĂ©o et de Hugo se rencontrent, se reconnaissent, se mĂȘlent en une Ă©treinte passionnĂ©e. PassĂ© l

6 mai 2016 5 06 /05 /mai /2016 2242 Date de sortie 27 avril 2016 RĂ©alisĂ© par Olivier Ducastel et Jacques Martineau Avec Geoffrey CouĂ«t, François Nambot, Mario Fanfani, Bastien Gabriel, Miguel Ferreira, Éric Dehak, Arthur Dumas, Patrick Joseph Genre ComĂ©die dramatique Production Française Synopsis ThĂ©o Geoffrey CouĂ«t et de Hugo François Nambot se rencontrent dans un club libertin. TrĂšs vite la complicitĂ© entre eux dĂ©passe le simple lien charnel. PassĂ© l’exaltation des premiĂšres Ă©treintes passionnĂ©es, dĂ©grisĂ©s, ils errent dans les rues vides du Paris nocturne, et se confrontent Ă  leur amour naissant. Puis la peur au ventre direction les urgences. Et si Hugo, sĂ©ropositif, avait contaminĂ© ThĂ©o qui a fait l’erreur, dans un moment d’abandon, de vivre l’instant sans protection ? Conversation entre les rĂ©alisateurs, Olivier Ducastel et Jacques Martineau La scĂšne d’ouverture Olivier Ducastel J’imagine qu’on va beaucoup nous parler de la scène d’ouverture du film. Pourtant, elle a été assez simple à tourner, tu ne trouves pas ? Jacques Martineau Je crois que c’est parce que nous racontions une vraie histoire, que nous étions tous concentrés sur cet objectif qui a rendu le filmage de la sexualité aussi naturel que ce que nous avions imaginé lorsque nous avons conçu le projet. Ce n’est pas qu’une scène de coït et la "performance" qui consiste à filmer des comédiens en érection, s’est complètement effacée même si, quand même, ça ne se fait pas comme une scène de repas ! devant les nécessités du récit il fallait qu’on croie à cette rencontre amoureuse, à cet élan éperdu du désir. La question des regards était pour nous tous la plus essentielle. Mais il faut admettre que cette scène n’a pas rendu la production du film très simple. La production du film Olivier Ducastel Oui et non. Nous savions, avec Emmanuel Chaumet, dès que nous avons lancé l’écriture, qu’il nous faudrait rester dans ce que nous appelons la catégorie des films pirates, totalement en dehors des circuits de financement habituels du cinéma français. Partant de là, on pense son film différemment dès l’amont. Cela ne nous a pas seulement offert une grande liberté, mais nous a aussi incités à aller au bout de nos idées ça ne valait pas la peine de se mettre en marge si c’était pour produire à la fin des images édulcorées. Le filmage de cette première scène était aussi une expérience nous voulions vérifier qu’il était possible de filmer la sexualité en s’écartant à la fois des interdits "moraux" et économiques et de la grammaire classique des films pornographiques qui utilise les gros plans en inserts, lesquels permettent d’employer des doublures. Les comédiens Jacques Martineau Du coup, les comédiens n’ont pas été pour rien dans cette affaire, tu ne crois pas ? Olivier Ducastel Oui, naturellement. Ils étaient tellement décidés, ils nous ont parus si évidents pour le rôle, que ça a levé bien des inquiétudes et nous a aidé à aller de l’avant. Geoffrey Couët et François Nambot ont eu la chance de passer leur scène d’essais ensemble et ils se sont immédiatement imposés à nos yeux. Nous les avons rencontrés, nous avons discuté du projet, de la question du filmage de la sexualité et nous les avons choisis. C’était un coup de cƓur. Jacques Martineau Jecrois qu’il faut préciser que nous avons fait un casting relativement ordi- naire, par la voie d’une annonce très explicite qui a d’emblée écarté beaucoup de candidats avant même les essais de jeu classiques sur une scène de comédie écrite pour l’occasion. Olivier Ducastel Oui, et ce n’est qu’après avoir proposé le rôle à François et Geoffrey, et à eux seuls, que nous avons fait des essais de filmage de la sexualité. Il s’agissait de vérifier tous ensemble que nous nous sentions suffisamment à l’aise. Nous avons fait cela avec le chef-opérateur, son assistante et notre assistant à la mise en scène. Comme un petit tournage. C’était aussi pour que les comédiens puissent décider de ne pas aller plus loin dans l’aventure. Une histoire d’amour avant tout Jacques Martineau Ça nous a rassurĂ©s sur notre capacitĂ© collective Ă  filmer la sexualitĂ© comme nous l’imaginions, mais je crois que ce qui nous a le plus emballĂ©, c’est qu’avec Geoffrey et François, Ă  l’image, on voyait surtout quelque chose de trĂšs amoureux. Parce qu’au fond nous voulions raconter une histoire d’amour avant tout. C’est bien ce que tu m’avais commandĂ©, n’est-ce pas ? Olivier Ducastel J’avais envie d’un rĂ©cit qui raconte le dĂ©but d’une histoire d’amour. Tous nos films parlent d’amour, mais je voulais revenir Ă  la source. Peut-ĂȘtre pour rejoindre et dĂ©nouer Jeanne et le garçon formidable qui racontait la naissance d’un amour qui ne pouvait aboutir. LĂ , j’avais envie d’une histoire qui aille au contraire vers une fin heureuse, mĂȘme si les personnages vivent des moments difficiles qui menacent cette histoire naissante. Jacques Martineau Parce que l’éclosion d’un amour, c’est aussi l’histoire d’une prise de risque l’amour est en soi une prise de risque. Il ne s’agit pas de dire que baiser sans se protĂ©ger est un signe d’amour, mais de raconter une fiction qui met en scĂšne ce moment oĂč on se dit qu’on tombe amoureux, qu’on accepte cet amour, mĂȘme si, on le sait, Ă  un moment ou un autre, le prix Ă  payer risque d’ĂȘtre assez Ă©levĂ©. Et c’est une prise de risque aussi parce que personne ne sait vraiment ce que ça veut dire "ĂȘtre amoureux". On sent un truc, on dĂ©cide que c’est de l’amour, mais on ne sait pas vraiment si c’est solide. Un film gay Olivier Ducastel Comme d’autre part nous voulions aussi rĂ©aliser un film gay, une histoire entre deux garçons, il nous a paru Ă©vident de placer la sexualitĂ© en premier. Parce que c’est quand mĂȘme souvent comme ça que ça commence chez les gays et aussi parce qu’en l’espĂšce la rencontre amoureuse sexuelle entraĂźne rapidement un conflit Ă  cause de la sĂ©ropositivitĂ© d’un des deux partenaires. C’est Jeanne un peu, mais Ă  une autre Ă©poque et en version happy ending. Enfin, si on n’écoute pas trop Hugo qui parle dĂ©jĂ  de la sĂ©paration future. Jacques Martineau Tu dis "un film gay". On va encore se faire taper sur les doigts ! Olivier Ducastel Ça ne nous a jamais fait peur. Jacques Martineau Non et c’est pas Ă  notre Ăąge qu’on va commencer Ă  dĂ©clarer que c’est "clivant" de penser ainsi. Personne ne nous croirait, de toute façon. Olivier Ducastel Mais je ne vois pas pourquoi les hĂ©tĂ©ros ne pourraient pas voir notre film. Jacques Martineau Ouais, l’amour c’est universel ! Olivier Ducastel Un peu passe-partout comme slogan, non ? Jacques Martineau Alors le sexe c’est universel ! Un film en temps rĂ©el Olivier Ducastel Hum ! Par les temps qui courent, je n’en suis pas si sĂ»r. Attendons de voir. On pourrait juste dire que c’est un film, un film en temps rĂ©el qui plus est. C’est intĂ©ressant le temps rĂ©el, non ? C’est toi qui a en eu l’idĂ©e, pourquoi ? Jacques Martineau Ça s’est un peu imposĂ© Ă  moi, ce dĂ©sir d’attraper un personnage et de ne pas le lĂącher. Je me suis dit que tant qu’à vouloir parler de la naissance d’un amour, autant ne pas trop user des artifices d’un rĂ©cit Ă  ellipses. Rester dans la tension de ce moment, chercher Ă  susciter chez le spectateur le simple dĂ©sir de savoir si, entre ces deux-lĂ , pour finir, une histoire d’amour va vraiment dĂ©buter. De ce point de vue, commencer par la grande scĂšne de sexe m’est vite apparu nĂ©cessaire aussi en termes narratifs. Il me semble qu’elle donne l’élan et l’impulsion du rĂ©cit. C’est elle qui permet ensuite qu’on accepte les lĂ©gers flottements du temps rĂ©el, les moments moins denses et il me semble du film, de renoncer complĂštement Ă  construire une autre tension dramatique que celle liĂ©e Ă  l’envie d’accompagner les deux personnages jusqu’au moment oĂč on peut espĂ©rer que leur histoire d’amour continue de la trivialitĂ© du sexe Ă  quelque chose de plus sentimental. L’amour, quoi ! Olivier Ducastel Dans tout ça, il y a aussi l’envie d’explorer un nouveau "genre" filmique. Les films en temps rĂ©el qui donnent l’illusion du temps rĂ©el, m’ont toujours plu. Je venais d’ailleurs de voir Locke de Steven Knight qui m’a vraiment confirmĂ© ce goĂ»t. Jacques Martineau Et ça explique aussi le titre qui est une rĂ©fĂ©rence Ă  Rivette, grand amateur de temps rĂ©el. Olivier Ducastel Et le nom du personnage ! ThĂ©o est un hommage Ă  la ClĂ©o d’AgnĂšs Varda. Mais ThĂ©o de 4 Ă  6, ça aurait Ă©tĂ© un peu trop rĂ©fĂ©rencĂ©. ThĂ©o c’est suffisamment transparent comme ça. Jacques Martineau Je crois aussi que nous n’aimons pas beaucoup refaire ce que nous avons dĂ©jĂ  fait. C’est amusant de se frotter Ă  de nouvelles difficultĂ©s Ă  chaque fois. Parce que, quand mĂȘme, c’est diffĂ©rent de prĂ©parer, tourner et monter un film en temps rĂ©el. Olivier Ducastel Oui, bien sĂ»r. En amont, nous avons beaucoup lu et relu le scĂ©nario, avec les comĂ©diens, avec les membres de l’équipe, dont le monteur, pour tenter d’ĂȘtre au plus juste, de retirer dĂ©jĂ  tout ce qui, dans un film "normal", tombe naturellement au montage. Cela impose des choix, pas toujours faciles Ă  faire car, aprĂšs, on doit s’y tenir. Pour les dĂ©cors, on suit les comĂ©diens dans leur trajet. LĂ  encore, mĂȘme s’il y a quelques contractions de l’espace rĂ©el, nous avons choisi en amont et n’avons pas pu, comme Ă  l’habitude, privilĂ©gier tel ou tel lieu qui aurait Ă©tĂ© plus simple en terme de logistique ou de lumiĂšre. Mais nous avons beaucoup arpentĂ© les dĂ©cors avant le tournage, pour ĂȘtre sĂ»rs de notre coup. Au montage, il y avait des interdits. Nous avons demandĂ© Ă  Pierre Deschamps, le monteur, de travailler pendant le tournage. Cela permettait de vĂ©rifier que notre parti-pris fonctionnait. Dans le pire des cas, nous aurions pu retourner un bout de scĂšne, nous n’avons pas eu Ă  le faire. Ensuite, comme la libertĂ© au montage Ă©tait relativement rĂ©duite, nous avons laissĂ© le monteur travailler seul encore plus que sur nos films prĂ©cĂ©dents. Il nous a surpris par le choix de certaines prises que nous avions a priori Ă©cartĂ©es au moment du tournage, mais qui finalement trouvait mieux leur place dans la continuitĂ© du film, soit en apportant de la fluiditĂ©, soit au contraire en bousculant un peu l’attendu. Et puis mĂȘme si le temps rĂ©el contraint beaucoup, il laisse pas mal de petites libertĂ©s dont Pierre a su se saisir il a un un bon sens du rythme que j’aime beaucoup. Jacques Martineau Cela dit, il y a quand mĂȘme des sĂ©quences dĂ©coupĂ©es sur lesquelles le travail de montage Ă©tait assez lourd, en particulier la premiĂšre. Mais il fallait toujours conserver le sentiment du temps rĂ©el. Ça se joue sur des raccords, certains plans pris dans leur durĂ©e, etc. Si on ajoute la petite Ă©conomie, c’est en dĂ©finitive un film qui s’est beaucoup construit autour de contraintes formelles et techniques, dont dĂ©coule en grande partie la mise en scĂšne. C’était plutĂŽt bĂ©nĂ©fique, en particulier pour filmer le Paris nocturne dont nous avions envie, non ? Filmer le Paris nocturne Olivier Ducastel Oui, bien sĂ»r. Par exemple, si nous avons osĂ© d’aussi longs plans sĂ©quences c’était Ă  la fois pour des questions de jeu, mais aussi pour des raisons Ă©conomiques dĂ©couper prend un temps fou et techniques dans la rue, la nuit, sauf Ă  bĂ©nĂ©ficier de moyens Ă©normes, on ne peut maĂźtriser la lumiĂšre, or les tempĂ©ratures de couleur changent Ă©normĂ©ment dans Paris. Dans certains plans, il y a des anomalies » lumineuses, on passe du jaune au blanc, les changements de couleur des feux produisent des effets Ă©tranges sur les comĂ©diens, etc. Tout cela, dans un film classiquement dĂ©coupĂ© poserait d’importants problĂšmes de raccords dans un plan sĂ©quence, le spectateur accepte ces variations parce qu’il les comprend. Notre chef-opĂ©rateur, Manuel Marnier, a formidablement gĂ©rĂ© toutes ces contraintes. Pour la lumiĂšre, avec des moyens trĂšs lĂ©gers, il a rĂ©ussi Ă  nous offrir une nuit parisienne rĂ©aliste, sombre comme nous le souhaitions, qui Ă©vite les horribles effets verts sur les visages des comĂ©diens. Et j’aime aussi beaucoup son sens du cadre, son habiletĂ© Ă  faire entrer avec justesse les accidents du rĂ©el. Jacques Martineau Quand on a si peu de moyens, on ne peut pas maĂźtriser la circulation, les passants, etc. Dans les plans sĂ©quences, les accidents habitent le plan trĂšs naturellement. On peut, au montage, choisir un plan non seulement pour le jeu, mais aussi pour les Ă©vĂ©nements extĂ©rieurs nous avons eu quelques passages de voitures, camions, ambulances ou motos que nous n’aurions pas mĂȘme eu l’idĂ©e d’organiser si nous avions eu un gros budget. DerriĂšre les comĂ©diens, nous avons tentĂ© de saisir aussi le Paris nocturne, vide, mystĂ©rieux, habitĂ© de quelques prĂ©sences diffuses, traversĂ© des feux des vĂ©hicules, illuminĂ© par le mobilier urbain ou les quelques enseignes qui restent Ă©clairĂ©es toute la nuit. Olivier Ducastel Le film est une dĂ©claration d’amour Ă  cet Est-parisien que nous habitons, que nous aimons beaucoup et que nous avions dĂ©jĂ  filmĂ©, il y a 18 ans, dans Jeanne. Il se trouve qu’aujourd’hui, parce que le trajet des personnages croise un moment celui des terroristes du 13 novembre, ces images prennent un poids nouveau. Par un hasard assez troublant, c’est au moment oĂč ThĂ©o passe devant les deux cafĂ©s oĂč ont dĂ©butĂ© les fusillades, que nous avons mis des images mentales de cauchemar. Mais le film Ă©tait montĂ© avant les attentats, ce n’est que pure coĂŻncidence. La musique Jacques Martineau Si nous parlons de Paris, je crois que c’est le moment d’évoquer aussi la musique. J’y pense parce qu’aprĂšs la scĂšne du sexe-club, elle contribue selon moi Ă  souligner non seulement la couleur psychologique de certaines scĂšnes, mais aussi Ă  ouvrir le spectateur Ă  une meilleure perception de l’espace. Parfois, vraiment, il me semble qu’elle aide Ă  mieux voir les dĂ©cors, Ă  en mesurer la profondeur mystĂ©rieuse. Et certains plans, comme la course le long du canal, ont Ă©tĂ© tournĂ©s pour lui laisser de la place. Elle Ă©tait essentielle pour nous, n’est-ce pas ? Olivier Ducastel Oui, Ă  commencer bien sĂ»r, par la scĂšne d’ouverture sans dialogue. Il fallait une musique de sexe-club, qui enchaĂźne les morceaux comme dans une playlist mais qui, pourtant, soit composĂ©e en partie Ă  l’image pour souligner certaines inflexions du rĂ©cit. Et nous voulions aussi quelque chose de trĂšs Ă©nergique, sauvage et lyrique. Cette scĂšne doit ĂȘtre une sorte d’expĂ©rience visuelle et sonore pour le spectateur, Ă  la mesure de l’expĂ©rience existentielle que vivent les personnages. Je crois que le spectateur peut en sortir un peu Ă©puisĂ©, avec presque autant de dĂ©sir de respirer l’air frais de la rue que les personnages qui se retrouvent seuls, ensemble, dans l’intimitĂ© Ă©trange de ce Paris dĂ©sert. Jacques Martineau Il y a quand mĂȘme un titre d’Asaf Avidan. Pour le plaisir et aussi pour crĂ©dibiliser la musique du dĂ©but comme musique de sexe-club. Olivier Ducastel Parce que tout le reste de la musique a Ă©tĂ© composĂ© par un collectif de jeunes gens dont fait partie le mixeur du film. Nous avons aimĂ© les compositions qu’ils nous ont fait entendre et nous nous sommes dit que ce serait bien de faire confiance Ă  des jeunes gens qui ont un goĂ»t musical de leur Ă©poque, un goĂ»t vraiment contemporain. Jacques Martineau Travailler avec des jeunes gens pour qui c’était une premiĂšre expĂ©rience de long-mĂ©trage, c’était un peu le mot d’ordre du film de toute façon. Pour nous obliger Ă  ne pas ĂȘtre dans la routine, et aussi pour prolonger le travail de transmission et d’enseignement que nous effectuons, toi Ă  la FĂ©mis, moi Ă  l’UniversitĂ© de Nanterre. C’était une belle expĂ©rience. L’évolution de notre collaboration Olivier Ducastel Et notre collaboration ? On nous pose toujours une question sur l’évolution de notre collaboration. Jacques Martineau Bon, quoi, nous ne vivons plus ensemble, c’est pas un secret et je n’ai pas tellement l’impression que ça a beaucoup changĂ© notre maniĂšre de travailler. Tu as toujours Ă©tĂ© relativement interventionniste sur l’écriture, mais en me laissant totalement libre de mon travail. Idem pour la mise en scĂšne de mon cĂŽtĂ©. Avec les comĂ©diens, au montage, au mixage, je crois que nous avons partagĂ© comme Ă  notre habitude. Avec nos compĂ©tences particuliĂšres. Tu vois quelque chose de diffĂ©rent ? Olivier Ducastel Juste un dĂ©tail plus de libertĂ© en ce qui me concerne pour parler de la sexualitĂ© avec toi. Jacques Martineau C’est super intime, ça. Tu crois qu’on peut vraiment l’imprimer ? Olivier Ducastel Bah ! AprĂšs ce qu’on a filmé  Ils rigolent. Mon opinion TrĂšs loin de leur premier film, Jeanne et le garçon formidable, du sympathique DrĂŽle de FĂ©lix ou du trĂšs beau, L'Arbre et la forĂȘt, dans lesquels de grands comĂ©diens participaient Ă  la rĂ©ussite de ces rĂ©alisations, les deux rĂ©alisateurs prennent un virage Ă  180°. Une trĂšs longue scĂšne d'ouverture orgiaque est telle une publicitĂ© pour le sex-club parisien. Par ailleurs trĂšs bien filmĂ©e. S'en suit une balade, presque rĂȘvĂ©e, dans un Paris nocturne en vĂ©lib, Ă  pied, en courant aussi. Quand viendra le questionnement sur la prise de risque d'une relation sans protection, le film prend des airs didactique et s'enfonce dans les clichĂ©s. Le passage aux urgences, d'un hĂŽpital parisien. L'immigration, avec un vendeur de kebab. Les retraites, aussi, avec une charmante vielle dame obligĂ©e de faire des mĂ©nages, pour amĂ©liorer l'ordinaire, sans se plaindre par ailleurs. Jacques Martineau a dĂ©clarĂ© "Je crois aussi que nous n’aimons pas beaucoup refaire ce que nous avons dĂ©jĂ  fait. C’est amusant de se frotter Ă  de nouvelles difficultĂ©s Ă  chaque fois. Parce que, quand mĂȘme, c’est diffĂ©rent de prĂ©parer, tourner et monter un film en temps rĂ©el." Certes, mais pour ce film c'est passablement ratĂ©. Dommage. Published by CinĂ© Alain - dans Des films en 2016

Dansun sex-club, les corps de ThĂ©o et de Hugo se rencontrent, se reconnaissent, se mĂȘlent en une Ă©treinte passionnĂ©e. PassĂ© l’emportement du dĂ©sir et l’exaltation de ce premier moment, les deux jeunes hommes, dĂ©grisĂ©s, dans les rues vides du Paris nocturne, se confrontent Ă  leur amour naissant.
RĂ©alisation Olivier Ducastel DurĂ©e 1 heure 37 minutes Genre Drame Langue Français 27 April 2016 108 membres Dans un sex-club, les corps de ThĂ©o et de Hugo se rencontrent, se reconnaissent, se mĂȘlent en une Ă©treinte passionnĂ©e. PassĂ© l’emportement du dĂ©sir et l’exaltation de ce premier moment, les deux jeunes hommes dĂ©grisĂ©s, dans les rues vides du Paris nocturne, se confrontent Ă  leur amour naissant. Acteurs 16 Films similaires

THÉOET HUGO DANS LE MÊME BATEAU. un film d’Olivier Ducastel et Jacques Martineau (Fr, 2016, 1h37) Dans un sex-club parisien, la rencontre inattendue entre ThĂ©o et Hugo, deux jeunes hommes en quĂȘte de sensations, va bouleverser leur vie. Ce magnifique rĂ©cit qui s’achĂšvera Ă  la levĂ©e du jour est l’observation Ă  la fois sentimentale et brutale de la naissance d’un amour,

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Lasaison 2022 du Supersevens, qui porte le nom de In Extenso Supersevens d'aprÚs son sponsor du moment, est la troisiÚme édition de cette compétition de rugby à sept. Elle se déroule sur trois étapes estivales du 13 août 2022 au 27 août 2022 suivi d'une étape de finales organisée le 13 novembre 2022 à la Paris La Défense Arena.
Ballet des corpsDerriĂšre un titre affichant des faux airs de comptine, le nouveau film d’Olivier Ducastel et Jacques Martineau s’exhibe pourtant d’entrĂ©e de jeu dans une cruditĂ© la plus totale, par une sĂ©quence d’ouverture Ă  la fois dĂ©stabilisante et envoĂ»tante. Dans un sex-club, les corps de ThĂ©o et Hugo se remarquent, se dĂ©sirent, se tournent autour et finissent par cĂ©der Ă  une pulsion de l’instant, fiĂ©vreuse et intense. Cette longue scĂšne de sexe, d’une durĂ©e de vingt minutes, introduit le spectateur au cƓur d’une ambivalence qui exprime d’emblĂ©e certains enjeux du film, Ă  la fois esthĂ©tiques et narratifs. Dans la cruditĂ© de ce qu’elle livre Ă  la perception du spectateur – la pĂ©nombre rougeĂątre des backrooms permettant ici de ne pas tout montrer – cette sĂ©quence de sexe non simulĂ©e parvient Ă  recrĂ©er un espace et une atmosphĂšre d’intimitĂ©, dans un champ filmique baignĂ© pourtant par la nuditĂ© des partenaires. Sur fond d’une musique Ă©lectro entraĂźnante, les corps de ThĂ©o et Hugo inscrivent leur rencontre dans une temporalitĂ© en quelque sorte dĂ©rĂ©glĂ©e, qui s’exprimera pleinement dans un fragment fantasmĂ©, aux allures presque kitsch, digne d’une toile de Pierre et Gilles. Un simple Ă©change de regards entre les deux hommes suffit alors pour suspendre pendant quelques minutes le temps de la narration, et mieux isoler et extirper leurs corps de cette chorĂ©graphie nocturneL’habilitĂ© du film consiste alors Ă  faire de cet apparent dĂ©rĂšglement de la rencontre une vĂ©ritable richesse narrative. Que reste-t-il Ă  dĂ©couvrir de l’autre lorsque l’on vient de cĂ©der au dĂ©sir de l’instant ? Le dĂ©sir amoureux garde-t-il des conditions de possibilitĂ© d’émergence ? Une perspective que semble tout de suite menacer la crainte de la transmission du VIH, car si Hugo fait rapidement l’aveu Ă  ThĂ©o – de maniĂšre dĂ©tournĂ©e – de sa sĂ©ropositivitĂ©, l’immĂ©diatetĂ© du dĂ©sir a dĂ©jĂ  fait baisser la garde des deux hommes. La temporalitĂ© du film semble alors subir elle aussi de plein fouet et par ricochet cet aveu d’Hugo, et fait coĂŻncider le temps rĂ©el avec le temps du rĂ©cit. Alors que la rencontre entre les deux hommes a lieu vers 4h30 du matin, nous les quitterons vers 6h, dans un Paris qui s’éveille au moment du premier utilisation du temps rĂ©el Ă©vite la revendication de l’exercice de style a contrario, par exemple, de Victoria de Sebastian Schipper, autre film noctambule pour mieux Ă©pouser la temporalitĂ© propre aux personnages et leur permettre de jongler entre l’urgence de trouver un traitement de post-exposition au virus, et l’irrĂ©sistible envie de dĂ©couvrir l’autre. Impossible Ă©galement, pendant ces 90 minutes, de ne pas penser Ă  l’angoisse que vit ClĂ©o de 5 Ă  7, dans le film d’AgnĂšs Varda, dans lequel le temps rĂ©el se confondait avec l’attente de la rĂ©ponse mĂ©dicale. Le temps rĂ©el devient ici celui de la dĂ©ambulation de ThĂ©o et Hugo, du quartier de SĂ©bastopol jusqu’à Stalingrad et Anvers, et permet aux rĂ©alisateurs d’explorer un Paris presque vide, marginal, qui laisse un champ filmique aussi vaste que du cadreLa dĂ©ambulation nocturne des personnages se transforme ainsi en une ballade improvisĂ©e, modelĂ©e par les alĂ©as des discussions auxquelles se livrent les deux hommes, entre le dĂ©voilement de soi et des instants, imprĂ©visibles, de rupture et de fermeture Ă  l’autre. Un brin littĂ©raires, les rĂ©pliques du film deviennent les symptĂŽmes de ce jeu de sĂ©duction, et portent en elles les cheminements intĂ©rieurs et spontanĂ©s des deux hommes. C’est comme si nous avions fabriquĂ© de l’amour » fait par exemple remarquer Hugo Ă  la sortie du club. C’est peut-ĂȘtre ce mĂȘme jeu de langage qui impose au film, comme malgrĂ© lui, une filiation avec certains archĂ©types cinĂ©matographiques de la Nouvelle Vague » le cadre filmique devient un espace de crĂ©ation, un cadre mouvant, comme s’il obĂ©issait entiĂšrement Ă  la trajectoire improvisĂ©e des deux hommes. À ce titre, cette nouvelle rĂ©alisation rappelle Ă©galement quelques instants de marche nocturne de Jean et Lara dans Les Nuits fauves, non tant dans le croisement thĂ©matique de la maladie que dans la mise en situation de personnages rĂ©els comme dans le film de Cyril Collard, le mĂ©decin interprĂšte ici son propre rĂŽle. Ou encore lors de cette sĂ©quence matinale de mĂ©tro parisien, durant laquelle les passagers rĂ©els deviennent les figurants d’un cadre filmique qui laisse peut-ĂȘtre esquisser les prĂ©misses d’un rapprochement amoureux. C’est d’ailleurs dans cette ambition que se dessine peut-ĂȘtre la plus belle gĂ©nĂ©rositĂ© du film inscrire les personnages dans un cadre filmique en perpĂ©tuel mouvement, grĂące Ă  des travellings nocturnes, qui deviennent peut-ĂȘtre les tentatives de ThĂ©o et Hugo pour repousser ensemble les limites psychologiques du cadre dans lequel pourrait les enfermer la maladie.
ThĂ©oet Hugo dans le mĂȘme bateau. Un Long-mĂ©trage de Olivier Ducastel, Jacques Martineau. Produit par Ecce Films. Sortie en France : 27/04/2016. Synopsis. Dans un sex-club, les corps de ThĂ©o et de Hugo se
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